Le Château Haut-Bailly

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Le Château de Haut-Bailly-acheté en 1872 par M. Bellot des Minières- est entouré depuis longtemps d'un vignoble situé sur une des croupes les plus élevées de la rive gauche de la Garonne, dans la commune de Léognan. Le sous sol contient les fameux faluns de Léognan bien connus des géologues, amendements calcaires composés d'une quantité prodigieuse de coquilles et de polypiers fossiles qui passent pour contribuer à la qualité de la vigne.

Dès 1641, une source manuscrite fait état de la présence de vignes au lieu-dit du Pujau qui correspond à l'emplacement actuel du Château. Les bases du vignoble modernes ont été posées à partir des années 1530, sous l'impulsion des familles Goyanèche puis Daitze. Ces riches marchands basques ont en effet mené pendant plusieurs décennies une politique méthodique d'achats fonciers pour aboutir, à la fin du 16 ème siècles à la naissance d'un véritable bourdieu, ancêtre des châteaux viticoles du bordelais.

En 1630, à la mort de Gaillard Daitze, ses héritiers cèdent le bien du Pujau à leurs créanciers Firmin Le Bailly et Nicolas de Leuvarde, banquiers à Paris. Conscients du potentiel de ce terroir, dont ils avaient pu apprécier l'excellence des vins, ils y investissent alors d'importants capitaux permettant à ce vignoble de prendre une réelle dimension commerciale. Ils le dotent d'une maison de maître digne de son rang, d'une renommée internationale, et Firmin lui laisse même son nom.

Après la mort de ce dernier en1655, le domaine passe de mains en mains pendant près d'un siècle parmi ses héritiers plus ou moins lointains. C'est à cette époque en 1736, que la régie et l'exploitation du domaine sont confiées à Thomas Barton, d'origine irlandaise, à la tête d'une importante maison de négoce spécialisée dans le commerce de grands vins. Bénéficiant de nombreuses relations commerciales en Angleterre et en Irlande, les vins du château Haut-Bailly y sont grandement appréciés des amateurs de « new french clarets ».

Au 18 ème siècle, deux éminents élus locaux vont se succéder à Haut-Bailly : Christophe de Lafaurie, baron de Monbadon, conseiller au parlement de Bordeaux, puis son fils Laurent, qui est élu maire de Bordeaux en 1805. Sa gestion généreuse marquera d'ailleurs longtemps les mémoires bordelaises. Devenu sénateur, ses responsabilités l'éloignent de Bordeaux, si bien qu'en 1813 les héritiers se résolvent à vendre. S'ensuit une période de relatif flottement jusqu'en 1845 où le château Haut-Bailly est la propriété d'un Monsieur Ricard (une autre famille que celle propriétaire du domaine de Chevalier, du Château de Fieuzal ou du Château Malartic-Lagravière).
Le 20 avril 1872, Pierre Ricard, fils du précédent, vend la propriété d'une superficie de 45 hectares à Alcide Bellot des Minières (1828-1906) pour la somme de 115000 francs.

Après avoir fait fortune de son talent d’ingénieur aux États-Unis, Alcide, entrepreneur exceptionnel, se lance alors corps et âme dans l’aventure viticole. Son énergie et son enthousiasme, alliés à une précision rigoureuse du détail scientifique lui permettent de porter en quelques années les prix des vins de Haut-Bailly au niveau de ceux des Premiers Crus Classés : Lafite, Latour, Margaux ou Haut-Brion, ce qui perdurera. Ses nombreux apports scientifiques en font un personnage de légende et lui valent le surnom de «Roi des Vignerons».

Celui-ci va complètement replanté la propriété avec des cépages nobles : 7/12 Cabernet-sauvignon, 1/12 Cabernet franc, 1/12 Carménère, 1/12 Malbec, 1/12 Merlot, 1/12 Petit verdot. Il va également s'opposer au greffage de ses vignes et créera un produit à base d'ammoniaque et de cuivre pour lutter contre le phylloxéra. Il s'oppose ainsi à l'époque du philloxera,à la technique du greffage estimant que seuls les pieds de vignes françaises pouvaient avoir la richesse et la noblesse qu'il désirait;des plants américains seront plantés mais la propriété conservera 15% de très vieilles vignes françaises.
Il va également niveler et drainer le vignoble, ainsi que pasteuriser ses vins.

On lui attribue également le fait de verser quelques litres de cognac Grande fine Champagne dans les cuves de fermentation afin de nettoyer celles-ci avant de verser les grappes de raisin.
En juin 1881, le mildiou fait son apparition dans le vignoble du domaine. C'est le premier grand domaine bordelais atteint par cette maladie.

En 1902, Alcide Bellot des Minières met au point un pulvérisateur mieux adapté aux traitements du vignoble (brevet déposé en 1903 à l’INPI) et destiné à lutter contre le midliou : le Pulvérisateur « Le Lion ».
La réputation de la propriété est telle qu'à cette époque, le domaine est surnommé le « Château Margaux » des vins de Graves.
Après sa mort en 1906, sa veuve et sa fille Valentine Herwig ont continué de gérer la succession jusqu'à ce qu'elle soit vendue en 1918 à Frantz Malvezin par les héritiers Bellot des Minières.

Haut-Bailly traverse une période d'instabilité, changeant régulièrement de propriétaires :
La propriété est reprise par Frantz Malvezin (?-1923) associé d'Alcide Bellot des Minières, géographe et oenotechnicien,et auteur de différents ouvrages sur la vigne (Histoire de la vigne et du vin en Aquitaine, Stérilisation des moûts par la chaleur, Vieillissement des vins et spiritueux, nouveau traitement des vins ou pasteuroxyfrigorie...) pour la somme de 350000 francs.
Dans le même temps, Frantz Malvezin achète également le Château Merlet-Mestre mitoyen pour y planter des cépages blancs et ne laisser à Haut-Bailly que la production des vins rouges. Puis 
par le Comte de Lahens et Paul Beaumartin en 1823, Georges Boutemy, industriel du textile originaire du Nord de la France en 1940. La renommée de ses vins n'étant plus à faire, Haut-Bailly est naturellement inscrit en 1953 au rang des Crus Classés Graves.

L'année 1955 constitue un nouveau point de départ pour le Château Haut-Bailly avec l'acquisition de la propriété par Daniel Sanders, négociant en vin d'origine belge installé à Barsac (Gironde). Son arrivée marque la renaissance de la propriété. D'importants travaux de modernisation sont entrepris : le vignoble est recomposé, les chais et la maison sont rénovés. Prenant sa suite en 1979, son fils Jean s'attache à son tour, en privilégiant la sélection, à rendre aux vins de Haut-Bailly la qualité et l'image qu'ils avaient au début du 20 ème siècle. Il marque de son empreinte le style et la réputation de la propriété.

En juillet 1998, le Château Haut-Bailly devient la propriété de Robert G. Wilmers (1934-16.12.2017 New-York) Off de L.H 21.9.2017, américain francophile à la tête de la M&T Bank à Buffalo dans l'État de New York, marié avec une française. Amoureux depuis toujours des grands crus de Bordeaux, Robert G. Wilmers s’investit personnellement dans toutes les décisions stratégiques. Il veille à ce que Haut-Bailly progresse de manière continue, tout en respectant son histoire et son patrimoine. Robert et son épouse Elisabeth partagent une passion pour l'art et la culture française.
En 1998, Robert G. Wilmers demande à Véronique Sanders, petite fille de Jean Sanders, de rester et de prendre en charge la gestion du domaine, en commençant par un programme d’investissements de grande envergure visant à moderniser la propriété.

Le Château Haut-Bailly actuel  (photo : Bordeaux-Tourisme)

Le Château Haut-Bailly actuel (photo : Bordeaux-Tourisme)

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