Le Château de Regnière-Ecluse

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Monument historique, situé dans la Somme en région Hauts-de-France.

Occupé par la même famille depuis bientôt mille ans, les origines du domaine remontent à l'époque gallo-romaine. Les vestiges d'une villa implantée au milieu des bois au cours du deuxième siècle, ont été découverts sur la plaine, au nord ouest du parc.

Unie au domaine royal de Crécy-en-Ponthieu lorsque la dynastie mérovingienne possède toute la forêt avec les villages environnants, cette terre est ensuite léguée à l'abbaye de Saint-Riquier, sous Charlemagne.

Les religieux nomment un régisseur Régnier et transfèrent l'exploitation dans la vallée de la Maye, autour de viviers créés grâce à une retenue d'eau d'où le nom actuel du village : «Regnière-Ecluse».

Après les nombreux ravages causés par les Vikings au Xème siècle, les religieux de Saint-Riquier sollicitent l'aide d'Hugues Capet pour relever leur monastère détruit. En échange, le roi reçoit une partie des terres de l'abbaye qu'il redistribue à ses vaisseaux les plus fidèles.

L'ère féodale voit s'établir à sa tête la puissante famille Tirel, seigneur de la ville de Poix, aux confins de la Picardie et de la Normandie.

C'est au XIX ème siècle que l'ensemble de la propriété est l'objet d'un vaste programme d'embellissement, à l'initiative d'un seul personnage Herman, comte d'Hinnisdal (1808-1877) . Après quatre décennies de travaux auxquels il consacre une grande partie de sa fortune, il donne à l'endroit son aspect actuel et fait renouer les 1000 hectares du Domaine avec la splendeur passée de ses ancêtres. Son goût pour la chasse, en particulier la grande vénerie qu'il pratique en Angleterre, lui inspire la création du parc paysager au style très épuré, d'après les principes des paysagistes anglais du XVIIIè siècle, William Kent (1685-1748) et Lancelot Brown dit Capability Brown (1716-1783).

Attribué au paysagiste français Louis-Sulpice Varé (1803-1883), les 135 hectares du Parc sont aménagés dés 1841 en 2 parties : le Haut du Parc au nord et le Bas au sud. De part et d'autre, disposées en éventail depuis le château, de longues perspectives s'étirent entre des bosquets de hêtres. La grande percée centrale du Haut Parc mesure à elle seule 2500 mètres jusqu'à son extrémité dans les bois du Domaine où elle traverse le carrefour du Grand Veneur. Comptant dix avenues en étoile, en son centre d'une colonne de pierre terminée par une fleur de lys. Il rend hommage au premier marquis de Soyecourt, Charles Maximilien Antoine de Belleforière, nommé le 12 décembre 1669 par Louis XIV à la charge de Grand Veneur de France.

Les façades du château exposent leur riche ornementation de style gothique. Trois ailes bâties autour d'une cour centrale, complétés de pavillons forment un ensemble architectural atypique inspiré des édifices flamboyants de la fin du Moyen-Age. L'aile sud et le pavillon de droite datent de 1575 et correspondent à la partie la plus ancienne. C'est à François de Soyecourt que l'on doit ce logis Renaissance édifié sur la colline, point de départ du château actuel. Songeant à une maison plus spacieuse et confortable, Herman d'Hinnisdal confie tout d'abord à son architecte parisien, Pierre Charles Dussillion (1804-1879), la rénovation du vieux manoir qui, entre 1838 et 1839, prend des airs moyenâgeux, dans le genre troubadour très apprécié de l'aristocratie. En 1847, la suite du chantier est confiée à un second architecte, l'Amiénois Jean Herbault (1807-1880) qui agrandit considérablement le château en ajoutant le corps central, l'aile nord et leurs annexes, entièrement décorés par les frères Aimé (1803-1869) et Louis Duthoit (1807-1874), célèbres ornemanistes d'Amiens. Ces 2 sculpteurs émérites apportent un soin particulier aux façades ainsi qu'aux nombreux décors intérieurs. S'inspirant du gothique tardif français, à l'image de l'hôtel de Cluny à Paris, ils y mêlent avec habilité le style Tudor. Ce goût pour l'Angleterre est également manifesté par les bow-windows de la cour central et du Grand Salon.

Quand on est dans la cour d'honneur, on est frappé par le nombre de lucarnes en pierre ornées de blasons, les fondations en damiers, les balcons gothiques et les toitures hérissées de cheminées monumentales où la pierre joue avec la brique rouge. Au centre, un bas-relief représente une chasse au faucon, et à gauche deux têtes de chevaux encadrent les armoiries d'Hinnisdal juste au-dessus du passage des écuries. Enfin, sur l'une des portes peintes en rouge on distingue dans des panneaux gothiques deux veneurs tenant en laisse leur limier, et sur le perron de l'aile droite, les colonnes du portique sont constellées de l'initiale «h» avec la merlette du blason des Hinnisdal…

Depuis environ l'an 1030, chaque génération a su transmettre la propriété sans jamais la vendre.

Au fil des siècles et au gré des mariages, elle passe aux familles Soissons-Moreuil et Soyecourt au début du XVème siècle, Belleforière et Seiglière avant la Révolution, puis au XIX ème siècle à la famille d'Hinnisdal et à ses descendants actuels les Nicolay.

En 2008, Raymond de Nicolay a transmis le Château et le parc de Regnière-Ecluse situé à quelques kilomètres de la baie de Somme au Conservatoire du littoral pour le préserver.(Association du Domaine de Regnière-Ecluse)

 

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